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lundi 5 mars 2018

New York City : The Cloisters, Nicholas Roerich Museum



Ce matin, comme hier, le temps est maussade, plutôt frisquet (6°C avec du vent), mais ni pluie ni neige.

Je prends le métro à Times Square pour filer au nord de Manhattan.



Une bonne surprise dans ce métro new yorkais qui ne me séduit guère, de joyeuses figures sur les murs qui apportent un peu de gaieté.


 J'arrive dans ce quartier nettement plus populaire, largement latino. Pour gagner du temps, même s'il n'est pas midi, je commence par chercher à déjeuner.

Déjeuner chez Mofongo



C'est un restaurant de quartier qui sert de la cuisine dominicaine. On s'adresse évidemment à moi en espagnol.


 Je me fais conseiller, cette cuisine-là étant totalement inconnue pour moi. On me recommande le plat national, pollo con arroz y frijoles, du poulet avec riz et haricots. J'ai goûté ça sous d'autres pavillons, notamment cubain.

En tout cas, ça a vraiment l'air d'un plat maison.


La Presidente, la bière dominicaine  est assez légère.


Une portion de tres leche (et non leches, je ne sais pourquoi) achève de me caler.

C'est tout de même une histoire de 20$ avec la taxe.

The Cloisters 



Je grimpe la colline, en me faisant la réflexion que, toutes les dernières fois que je suis venu, la neige avait envahi le Fort Tryon Park.

Je termine mon troisième jour avec le ticket du Metropolitan Museum, rentabilisé jusqu'au bout. Et j'adore les Cloisters, cet improbable château enchanté, où on a l'impression de passer d'une église à l'autre. C'est un lieu absolument artificiel, un genre de Disneyland médiéval, mais qui fonctionne admirablement.


Saint Michel espagnol. Le dragon dont chaque partie du corps est une tête est une belle création.


Polyptyque avec des scènes de la Passion.


Un virtuose témoignage de la sculpture bourguignonne.


Superbe  travail d'enluminure, de nouveau.


Format pêle-mêle coutumier, un polyptyque catalan consacré à Saint André. On reconnaît la crucifixion, en haut à droite.




Cette petite salle qui reconstitue un intérieur palatial renferme un vrai chef-d'œuvre :


Un merveilleux triptyque de l'Annonciation, de Robert Campin. La peinture a ce fini incomparable des Flamands de l'époque (David, Bouts) et une incroyable délicatesse. Je ne me lasse jamais d'en déguster les détails.






Ce Christ de Gerard David mesure moins de dix centimètres.




Dans un autre genre, de fascinantes miniatures. C'est la vision de l'infiniment petit au Moyen-Age.




J'aime beaucoup ces retables sculptés et non peints. Celui-ci, avec une attention soutenue sur les draperies, avec des plis cassés, est allemand.






Une variante de la Dame à la licorne de notre musée de Cluny. Ce sont ici des tapisseries de Bruxelles.



Peinture sur bois catalane. Un authentique précurseur de la bande dessinée.


Magnifique statue de bois, élancée. Un parent stylistique de notre ange au sourire de la Cathédrale de Reims.






Premier des cloîtres remontés ici, à l'origine du nom du musée, celui de Saint Michel de Cuxa et ses beaux chapiteaux monstrueux. Les cloîtres n'ont pas été volés sur place par des malfrats sans scrupules, mais achetés et sauvegardés. Certains étaient déjà en vente, d'autres éléments menaçaient de s'écrouler. 


D'autres étaient transformés en étables ou en cinéma. Après la période révolutionnaire,  la préservation du patrimoine n'était pas absolument une priorité. On préférait souvent construire du neuf qu'entretenir de l'ancien. On sait combien Prosper Mérimée, auteur de la Vénus d'Ille ou de Carmen, mais aussi inspecteur des monuments historiques, sauva  ainsi des trésors menacés de destruction.


Donnant sur le cloître, la salle capitulaire de Langon, en Aquitaine.



Sévère Vierge à l'enfant auvergnate. Jésus est un garçonnet tout aussi grave. La polychromie est bien conservée.






Sans prévenir,   une porte nous transporte à Saint Guilhem le Désert, un bel ensemble monastique à côté de Montpellier. Les piliers ondulés sont extrêmement originaux.




Tombe de chevalier (de la famille d'Alluye, nous dit-on) dans une chapelle décorée de vitraux autrichiens.


Une superbe œuvre. Corps raide, anguleux, avec un travail d'anatomie minutieux (les bras comme les côtes sont vraiment extraordinaires), qui s'oppose aux courbes de la Vierge, avec une insondable tristesse dans un visage expressif sans pathos exagéré. Le Moyen-Age a vraiment vu naître des artistes exceptionnels.


Pièces de jeu d'échecs scandinaves, en ivoire de morse.



Petits formats dans cette salle. La Pietà, avec le corps du Christ arqué et la tête de la Vierge complètement dans l'ombre,  est une remarquable création artistique. Ci-dessus, un aquamanile, une carafe à eau. On voit souvent de ces modèles en forme d'animaux.


 Le cloître de Trie (c'est aussi en France) est mon préféré du musée ; fines colonnettes jumelles dans différentes pierres, et de merveilleux chapiteaux historiés. La première partie renvoie à l'Ancien Testament.

 La création d'Eve

Le sacrifice d'Isaac par Abraham. L'ange qui arrête la main est bien mis en valeur.

Je pense que c'est la récolte de la manne. A confirmer !
La seconde partie, c'est le Nouveau (Testament, bien sûr).





 Le cloître de Comminges possède un charmant jardin médiéval. La terrasse offre une vue sur l'Hudson.





Encore une belle série de livres manuscrits enluminés. Ce dernier exemplaire, c'est le fameux Heures de Jean de France,  des frères Limbourg.


On n'en voit pas souvent : une pièce brodée de fils  d'or et d'argent.






La dureté de l'ivoire a permis aux talentueux sculpteurs, souvent français ou allemands, ces chefs-d'œuvre miniaturisés. La qualité des ciselures m'impressionne à chaque fois.



Ça aussi, c'est rarement exposé : des œuvres ornées de sculpture en nacre.

Descente vers la 107th Street


Une centaine de rues me sépare de ma destination. Bon, je suis bien couvert. Je pars à pied.





 Comme dans le Barrio, petite église dissimulée dans un bâtiment.


 Pour une fois, les balcons de secours bénéficient de ferronnerie travaillée.


Dans la 107th Street, une église vraiment très italienne, pour une fois. 

  Nicholas Roerich Museum



Apparemment ignoré des touristes, ce musée figurait sur ma liste depuis plusieurs voyages. Tous les dimanches, il offre en prime un concert gratuit (mais il faut réserver, détails sur le site du musée).


Nicholas Roerich était un peintre russe, formé notamment à Paris. Il conçut les décors et costumes de la création du Sacre du Printemps avec les Ballets Russes.

Il s'installa ensuite à New York, où il acquit cette élégante demeure.


Il organisa avec  son fils et six de ses amis un voyage en Asie, et particulièrement au Tibet, qui connut de dramatiques péripéties : mort de plusieurs  membres (de froid, de faim), emprisonnement au Tibet. Mais les paysages grandioses de l'Himalaya le frappèrent autant que la spiritualité tibétaine, marquant durablement son œuvre.

Il s'installa à Kulu, dans les hautes vallées indiennes, où il vécut plusieurs années.



Ces deux autoportraits le montrent dans l'Himalaya et dans une tenue qui lui fut offerte par des prêtres tibétains.


Donc, beaucoup de montagnes dans les deux cents et quelques peintures exposées dans cette belle maison. Mais aussi des thèmes spirituels et parfois mystiques.


Toutes les peintures sont faites à la tempera (mélange à base de jaune d’œuf ou de lait végétal à la place de l'huile), ce qui leur donne une surface particulière. Le support est souvent panneau ou carton, plutôt que toile.
















Des statuettes bouddhiques ou du panthéon hindouiste furent ramenées de ses voyages.










Le symbole sur l'étole tendue est celui de la paix, un des grands combats de la vie de l'artiste. Il négocia le Pacte Roerich avec les autorités américaines (et peut-être l'ONU, je n'ai pas bien entendu), qui consiste à protéger les sites historiques pendant les conflits.
Un vœu pieux.









Une rare vue des villes de son enfance, en Russie.





Avant le concert, je sors faire quelques courses dans un supermarché voisin, repéré sur le chemin.





Concert au Roerich Museum 



Tous les dimanches à 17:00, concert gratuit ici donc.

Aujourd'hui le pianiste John McCauley joue en première partie une sonate de Mozart, puis un choix de pièces de Schumann. Avec la clarinettiste Keiko Kobayashi, la sonate pour clarinette de Poulenc, la meilleure exécution du concert selon moi. Michael Peng, violoniste, les rejoint pour la joyeuse Suite de Darius Milhaud.

Programme peu banal donc, donné dans un cadre agréable. La clarinettiste se détache par sa dynamique, la justesse et la vivacité de son interprétation.



Je sors à la nuit. Il ne fait pas chaud, mais je suis toujours bien couvert. Plus que 57 rues à traverser.




Dîner au Diner


J'ai tout de même un peu faim, ayant déjeuné tôt. Je m'arrête au Metro Diner, un de ces restaurants typiquement américains avec leurs banquette de moleskine rouge.



C'est évidemment l'occasion de manger local. J'opte précisément pour le Metro burger, avec oignons rissolés, frites, coleslaw et cornichon.

Tout  fait conforme aux prévisions, et peu gras. La viande du burger a du goût, ce qui me paraît beaucoup plus rare dans les enseignes répandues en Europe. Je ne suis cependant pas spécialiste !


Continuation, toujours sur Broadway.







Je ne traîne pas car, avec quelques soucis techniques de la veille, j'ai plusieurs articles à saisir ! 

15 commentaires:

  1. Toujours très agréable de voyager avec toi
    Est ce que les peintures à la tempera (jamais entendu parler, mais je ne suis pas une référence) sont une pratique courante ?
    Bises Mjo

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    1. Merci pour ton commentaire ! Réponse à la question : C'était toujours le cas avant l'invention hollandaise de la peinture à l'huile. Tous les peintres italiens du Moyen-Age et même après l'utilisaient. La gouache a été une forme de tempera.
      Voilà voilà.
      Bisous !

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  2. So inspiring! Great post.
    Ruth

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  3. Wonderful promenade through history and art.
    Thanks
    Gillian Browney

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    1. Thank you very much, Gilian, it is very kind from you!

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  4. Deux beaux musées. Je n'avais jamais entendu parler du second !
    Merci pour ton article, très bien fait comme toujours.
    Isabelle

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire ! Tant mieux si je fais un peu de publicité pour un musée ignoré...

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  5. Plusieurs voyages dans la Grande Pomme et je n'ai jamais entendu parler. Merci a vous de donner de nombreuses informations et toutes ces photos.
    Un super blog !

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  6. Merci Logan, c'est très gentil !

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  7. A brilliant tour of great museums ! Hope to go once in NYC.
    Lynna

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    1. A pleasure to see you enjoyed it ! I wish you a travel in NYC, of course ! Thanks, Lynna.

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  8. I flight uppn the web before finding such an excellent post!
    Michael Flinbourne

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